Développement, Environnement et Économie Politique au Népal

Le projet GoLFor-DEEPN* ambitionne d’évaluer, à l’échelle du Népal, les effets de la décentralisation de la gestion forestière du département des forêts vers le niveau local sur trois points : (1) le couvert forestier, (2) l’action collective au sein des villages et (3) le fonctionnement du système politique local. Après des décennies de déforestation pour les activités agricoles et le bois de chauffage, le couvert forestier s’est légèrement amélioré au cours des 20 dernières années. Aucune étude de grande ampleur n’en analyse précisément les causes et encore moins les conséquences.

François Libois, de l’École d’Économie de Paris coordonnait le projet interdisciplinaire GoLFor-DEEPN, programme de recherche mené en collaboration avec le CNRS, et articulé autour de trois axes : l’axe géographie humaine piloté par Olivia Aubriot (CNRS, CESAH), l’axe télédétection piloté par Nicolas Delbart (U Paris- Cité) et l’axe économie piloté François Libois (INRAE, PSE). Ce projet avait été doté de 189 k € par l’ANR, et dans la période initiale, 2018-2021, de 50 K € par UK AID dans le cadre du programme « Economic Development and Institutions ».

Il s’agissait de quantifier la contribution des groupements à la stabilisation du couvert forestier népalais, de mettre en avant les mécanismes sous-jacents et de discuter les effets distributionnels attendus, en termes de niveaux de vie dans les villages mais aussi des pouvoirs locaux. Le projet GoLFor-DEEPN se structure alors autour de cinq hypothèses testables :

a) Rendre la gestion des forêts à leurs utilisateurs augmente-t-il le couvert forestier ?

b) La création de groupements a-telle des effets négatifs sur les zones adjacentes ? Augmente-t-elle la probabilité de l’émergence d’une action collective dans les forêts et villages voisins ?

c) Les restrictions d’usage imposées par les groupements d’usagers augmentent-elles l’adoption d’énergies de substitution et de nouvelles technologies parmi les villageois vivant à proximité des zones nouvellement gérées au niveau local ?

d) Le type de biens publics fournis est-il fonction des inégalités au sein des groupements et des villages ?

e) La gestion locale d’une ressource, dans un système où le comité exécutif est élu, peut-elle être vue comme une forme de proto-démocratie qui aide à sélectionner les dirigeants lors d’élections au niveau supérieur ?

Les premiers résultats montrent que la foresterie communautaire a bien contribué au boisement des zones d’altitude du Népal et discute les mécanismes derrière leur action : fermeture des forêts au pâturage, plantation mais aussi et surtout, accès facilité à des substituts au bois comme énergie pour la cuisine.

Outre ces résultats scientifiques, une grande collecte de données a pu avoir lieu sur plus de 3 000 groupements d’usagers de la forêt, offrant une cartographie détaillée et digitalisée qui n’existait pas auparavant.

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