Pour la PAC, en particulier pour la PAC 2023-2027 qui intègre le pacte vert européen (neutralité climatique UE d’ici 2050) la modélisation est un outil incontournable et indispensable pour en évaluer les impacts économiques. C’est l’objet d’IFM-CAP qui est l’un des modèles conçus à cet égard. Il permet d’évaluer un large panel de politiques publiques impactant les exploitations agricoles de l’UE dans leur diversité ; il fournit des analyses détaillées des différents systèmes de production et peut estimer les effets distributifs sur la population agricole.

La gestion de l’eau agricole associant les rendements et les choix en irrigation au niveau de la ferme est un réel défi méthodologique. La ressource eau est rarement intégrée dans les modèles de cette nature, d’où l’intérêt de l’inclure explicitement dans le modèle IFM-CAP.

C’est le but de l’étude de faisabilité demandée en 2018 par le groupe MIDAS du JRC–Séville dédié à la modélisation pour la décision publique. L’étude à caractère prospectif s’est déroulée en plusieurs phases : formulation pour la modélisation ; mise en oeuvre ; évaluation ex post.

Il s’agit d’examiner la possibilité d’améliorer le modèle IFM-CAP avec l’eau comme intrant, en exploitant la méthode développée pour le modèle AROPAj* et présenté dans l’article « Farm-Level Bio-Economic Modelling of Water and Nitrogen » (Humblot, 2017). Pour inclure l’eau dans IFM-CAP et estimer la réponse du rendement à l’eau (et l’azote) sur la parcelle d’une culture dans une exploitation agricole individuelle modélisée, l’approche mobilise un modèle biophysique de cultures (en l’occurrence le modèle STICS d’INRAE). Ainsi, à condition de disposer d’informations sur le sol, le climat et la phénologie, complétée par des observations sur les niveaux de rendement et d’intrants ainsi que les prix des cultures et des intrants, la méthode propose un critère de sélection suffisamment générique pour être appliqué à un grand nombre de cultures parmi un grand nombre d’exploitants agricoles de l’UE. L’approche offre en outre un moyen indirect de déduire le type de sol prédominant pour la culture dans la région, permet d’estimer les quantités d’eau et d’azote utilisées et fournit une indication sur le coût d’accès à l’eau dans l’hypothèse d’un agriculteur optimisant la marge brute de son exploitation.

Cela devrait permettre au modèle IFM-CAP de répondre aux problèmes rencontrés dans la modélisation bioéconomique des exploitations agricoles, avec le manque d’informations concernant les coûts d’accès et d’utilisation de l’eau.

Intégrer l’eau dans IFM-CAP implique la création d’un module de calcul indépendant qui calibre la réponse du rendement à l’eau d’irrigation. Ce faisant, il devient possible d’évaluer la réponse des agriculteurs aux différents scénarios politiques, en termes d’effet intensif (marge brute de la culture à l’échelle de la parcelle) et d’effet extensif (marge brute des cultures de l’exploitation agricole après réallocation optimale des terres à SAU donnée). Les résultats produits par ce module seront utilisés comme données d’entrée pour le modèle IFM-CAP dans sa version de base. Le module a été testé dans deux régions RICA / FADN (NUTS-2), Midi-Pyrénées et Thessalie.

Le rapport de l’étude réalisée par INRAE présente les spécifications théoriques, mathématiques comme techniques, ainsi que les résultats de l’étude de cas. La méthode, réalisable (et utilisée par le modèle AROPAj), devra être affinée pour son adaptation au modèle IFM-CAP, en particulier en ce qui concerne l’intégration de l’intrant azoté dans le modèle.

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