Massire : Renforcer les systèmes d’innovation agricole et rurale dans les zones oasiennes et arides
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En Algérie, le projet Massire, (« Ma » pour Maghreb, « ssi » pour système d’innovation, et « re » pour ressources en eau concerne la wilaya de Ghardaïa, aux portes du Sahara. Les ressources en eau, principalement souterraines en raison de la très faible pluviométrie, sont essentiellement alimentées par les inondations causées par les crues des oueds suite aux averses sur le versant sud de l’Atlas Saharien. Pour collecter les eaux de surface des crues périodiques, les populations locales ont mis en place des systèmes ingénieux : 125 digues, 5 600 puits exploitant les nappes phréatiques, et 690 forages captant le ‘Continental Intercalaire’. Ceux-ci sont ensuite exploités à la fois pour l’alimentation des populations en eau potable mais aussi pour recharger les nappes alluvionnaires, et pour l’irrigation, notamment des palmeraies qui constitue la culture dominante couvrant une superficie de 11 360 ha avec 1,3 million de palmiers.
Seuls 54 000 ha de ressources en sol de la wilaya, estimée à environ 310 000 ha, sont mis en valeur. Avec l’introduction du maïs grain et la luzerne pour l’alimentation des cheptels, la wilaya est récemment devenue un bassin laitier, ayant connu une croissance fulgurante ces dernières années.
À travers une approche participative menée en collaboration avec le Cirad, le projet Massire vise alors à identifier et sélectionner des innovations à fort potentiel en matière de gestion de l’eau et à évaluer leurs conditions d’adoption pour le développement durable dans ces territoires d’Afrique du Nord. Et à analyser parmi ces innovations, dont certaines sont expérimentées dans les arrière-pays, les adaptations nécessaires pour que ce potentiel soit pleinement réalisé face aux changements environnementaux et sociétaux mondiaux. Il renforcera aussi les capacités des jeunes ruraux issus de l’agriculture familiale, par de la formation et de la mise en réseau.
L’enjeu du projet est de positionner les petits agriculteurs familiaux au coeur de systèmes d’innovations agricoles et ruraux durables avec la possibilité d’interagir continuellement avec des acteurs d’innovation pour identifier, caractériser, planifier, mettre en oeuvre et évaluer des innovations liées à la gouvernance de l’eau et la transformation rurale.
Certaines zones de l’arrière-pays du Maroc, de l’Algérie et de la Tunisie sont le théâtre d’extensions agricoles rapides, dont le dynamisme accroît les pressions sur les ressources en eau. La ressource s’épuise, ce qui peut causer des problèmes d’inégalités et menacer la durabilité de l’activité agricole dans ces zones. L’enjeu du projet est de positionner les petits agriculteurs familiaux au coeur de systèmes d’innovations agricoles et ruraux durables, où ils pourront agir continuellement avec les acteurs de l’innovation.
Le projet vise donc à identifier et expérimenter de manière concertée avec les acteurs locaux des innovations techniques et organisationnelles. Il s’agit également d’interroger les pratiques d’irrigation et agricoles, souvent inspirées de l’agroécologie, qui présentent le plus fort potentiel pour renforcer la résilience de ces territoires. Le projet assure ainsi le renforcement des compétences de ces acteurs de la gestion de l’eau, par de la formation et de la mise en réseau. Il développe un réseau de connaissances à l’échelle de l’Afrique du Nord reliant les jeunes femmes et hommes ruraux des zones marginales, à d’autres acteurs, telles que des associations d’irrigants, des coopératives d’agriculteurs, des ONG, des administrations, des chercheurs, mais aussi des start-ups locales.