Mario Lepage – Ingénieur de recherche biologiste, spécialiste de l’ichtyofaune en estuaire (témoignage issu du dossier « Science et directive-cadre sur l’eau 20 ans de recherche en hydrobiologie pour le bon état écologique des milieux aquatiques » – 2021)

« Concernant les estuaires, nous partions de loin : pas d’état de référence ni de “typologie” des estuaires. Nous n’avions rien sur les pressions ou sur la manière d’évaluer leur niveau. Nous ne connaissions bien que l’estuaire de la Gironde, car nous y travaillions au Cemagref depuis près de vingt ans. Dans le cadre des recherches sur la bioindication, j’ai piloté un groupe de 25 experts européens pour le développement d’un indicateur poisson dans les estuaires et lagunes : nous voyions les tensions entre puristes et pragmatiques, mais la question était surtout de rester opérationnel. L’amélioration d’un indicateur peut le rendre plus sensible et donc en faire un meilleur outil de diagnostic, ce qui est sa raison d’être initiale. La question est de savoir jusqu’où va le scientifique dans les prises de décision des gestionnaires. Nos travaux sur l’incertitude des diagnostics vont bien dans ce sens.

Nous avons pu recruter des chercheurs et capitaliser des connaissances, des compétences et une expertise. Comprendre pour agir, c’est vraiment cette aventure que j’ai vécue et partagée durant ces années de recherche pour la DCE. Outre la satisfaction de se sentir un peu « acteur » de l’amélioration de milieux très dégradés, il y a aussi une belle reconnaissance des partenaires. J’ai souvent des propositions de collaboration avec des chercheurs européens pour participer à des consortiums internationaux. Il est aussi important de faire reconnaître cette activité par les pairs et les évaluateurs… »

Témoignage issu de notre dossier thématique

dossier valorisation appui aux politiques publiques INRAE directive cadre sur l'eau
Science et directive-cadre sur l’eau 20 ans de recherche en hydrobiologie pour le bon état écologique des milieux aquatiques

Rétablir le bon état des masses d’eau européennes en une vingtaine d’années, c’est le défi lancé en 2000 par la directive-cadre européenne sur l’eau (DCE) aux États membres. Les connaissances manquant alors pour sa mise en oeuvre, la Direction de l’eau et de la biodiversité (DEB) du ministère de l’Environnement et l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques (Onema) concluent dès 2007 une collaboration d’envergure avec plusieurs organismes de recherche. Du fait des recherches menées en hydrologie, biologie et écologie, le Cemagref/Irstea et l’INRA, aujourd’hui INRAE, comptent parmi les premiers partenaires. Si le travail se poursuit pour atteindre l’objectif de bon état écologique, les apports de la science pour la mise en oeuvre de cette politique publique environnementale, aussi novatrice qu’ambitieuse, sont d’ores et déjà conséquents. Retour sur 20 ans de collaboration entre la recherche française et les services de l’État.

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