Luc Delaby – Ingénieur de Recherche INRAE (témoignage issu du dossier « De la directive européenne« Nitrates » aux plans algues vertes en Bretagne : les apports des scientifiques INRAE » – 2022)
« Je travaille depuis 35 ans sur l’alimentation des ruminants et lorsqu’lNRAE s’est installé à Rennes, dans les années 1980, je me suis concentré sur l’alimentation des vaches laitières au pâturage. Ces travaux ont abouti à des outils d’aide à la gestion du pâturage qui s’inscrivent dans des objectifs d’optimisation des coûts de production. Dans les années 1990 arrivent les préoccupations environnementales portées par la directive « Nitrates » et concrétisées en Bretagne par les algues vertes. Il a fallu quantifier les rejets azotés des vaches laitières, notamment au pâturage. Lorsqu’on s’éloigne de l’animal et qu’on les évalue dans un système global, les prairies pâturées deviennent un atout dans la régulation des flux d’azote. Constituées de graminées et légumineuses, les prairies restent en automne le seul couvert végétal actif qui limite les fuites de nitrates. Les systèmes herbagers sont des modes de productions bénéfiques pour l’environnement et peu coûteux. Néanmoins, leur gestion reste difficile pour les éleveurs d’où l’importance des outils d’aide à la gestion des pâturages. Aujourd’hui, réintégrer les prairies de longue durée dans les paysages est un défi qui demande de les rendre rémunératrices. »
Témoignage issu de notre dossier thématique
Dossier thématique
De la directive européenne « Nitrates » aux plans algues vertes en Bretagne : les apports des scientifiques INRAE
Depuis les années 1970, les chercheurs de l’Institut étudient les flux de nitrates d’origine agricole depuis la parcelle jusqu’au bassin versant et leur impact sur l’équilibre biologique des milieux aquatiques. Les modèles agrohydrologiques développés ont permis une meilleure compréhension des flux de nitrates et d’aider les acteurs de terrain à la mise en œuvre des politiques territoriales. Avec le déploiement des plans de lutte contre les algues vertes en Bretagne (PLAV), les scientifiques sont peu à peu passés d’une position d’experts rendant des avis à une position de médiateurs accompagnant les différentes parties prenantes par le partage des connaissances scientifiques sur le sujet. Ces années d’expérience ont débouché sur la création d’une formation dédiée aux nouveaux élus amenés à s’impliquer dans le PLAV en capitalisant sur les savoirs des anciens élus et sur les connaissances scientifiques.
