Paul Divanac’h – Maire de Plonévez-Porzay – Président de la commission locale de l’eau de Douarnenez – Président de l’Assemblée permanente des président.e.s de CLE de Bretagne (APPCB) (témoignage issu du dossier « De la directive européenne« Nitrates » aux plans algues vertes en Bretagne : les apports des scientifiques INRAE » – 2022)
Maire de Plonévez-Porzay, une commune de la baie de Douarnenez depuis 2008, Paul Divanac’h est également président de la commission locale de l’eau, la CLE et président de l’Assemblée permanente des président.e.s de CLE de Bretagne (APPCB). Il revient sur le chemin parcouru pour maîtriser les algues, aussi bien dans la structuration de la gestion des eaux que dans les relations avec les scientifiques.
Vous étiez au lancement du premier PLAV, quelle place y avaient les scientifiques?
« En 2010, face à la montée de la question algues vertes et sur fond de tension entre les associations de protection de la nature et la profession agricole, les deux ministres de l’Agriculture et de l’Environnement lancent le 1er Plan de lutte contre les algues vertes, le PLAV. Décliné pour chacune des huit baies concernées, ces PLAV étaient portés par les communautés de communes, la région Bretagne, le Conseil général et l’Agence de l’eau. J’ai présenté le PLAV de la baie de Douarnenez au conseil scientifique constitué à ce moment-là, ainsi qu’au préfet de région. Le conseil scientifique recommande aux huit projets d’être plus exigeants en termes d’objectifs et de délais et propose de baisser progressivement le taux d’azote à l’exutoire à 10mg/l, entre 2012 et 2027, un objectif difficile à atteindre pour les parties prenantes. Finalement, les plans sont approuvés et, à partir de juillet 2012, nous avons commencé à mettre en œuvre les actions dans la baie de Douarnenez. »
Comment s’est structurée l’action publique dans les baies?
« À partir de 2012, un établissement public de gestion des baies est créé et la commission locale de l’eau installée, comme dans les huit baies concernées par les algues. Les CLE préparent les schémas de gestion de l’eau, les SAGE qui vont intégrer les objectifs du PLAV. Les scientifiques vont d’une part accompagner l’élaboration des SAGE et d’autre part les dynamiques au niveau local. Pour la mise en œuvre du 2e PLAV, il n’y a plus de conseil scientifique mais un accompagnement scientifique dans les comités de pilotage et de suivi ; un centre de ressources et d’expertises est soutenu par le Conseil régional de Bretagne et le Creseb, piloté par les scientifiques. »
Depuis 2017, les huit baies parlent d’une seule voix au sein de l’Assemblée permanente des président.e.s des CLE de Bretagne. Où on en est aujourd’hui?
« Aujourd’hui la situation s’est améliorée et l’atmosphère est plus apaisée. Dans la baie de Douarnenez en 2010 on récoltait 12000 tonnes d’algues par an ; aujourd’hui, en moyenne on est descendu à 3000 tonnes. Ces améliorations ont été permises par l’adaptation des pratiques et le cadre règlementaire mais elles résultent également d’une certaine déprise agricole qui s’est accentuée ces dernières années. Nous disposons d’un arsenal de méthodes et d‘une organisation bien structurée. Les relations entre science et décision publique sont en place, même si de nombreuses questions restent sans réponse à ce jour, sur le rôle précis des zones humides par exemple. »
Témoignage issu de notre dossier thématique
Dossier thématique
De la directive européenne « Nitrates » aux plans algues vertes en Bretagne : les apports des scientifiques INRAE
Depuis les années 1970, les chercheurs de l’Institut étudient les flux de nitrates d’origine agricole depuis la parcelle jusqu’au bassin versant et leur impact sur l’équilibre biologique des milieux aquatiques. Les modèles agrohydrologiques développés ont permis une meilleure compréhension des flux de nitrates et d’aider les acteurs de terrain à la mise en œuvre des politiques territoriales. Avec le déploiement des plans de lutte contre les algues vertes en Bretagne (PLAV), les scientifiques sont peu à peu passés d’une position d’experts rendant des avis à une position de médiateurs accompagnant les différentes parties prenantes par le partage des connaissances scientifiques sur le sujet. Ces années d’expérience ont débouché sur la création d’une formation dédiée aux nouveaux élus amenés à s’impliquer dans le PLAV en capitalisant sur les savoirs des anciens élus et sur les connaissances scientifiques.