Manon Dervin – Chargée de mission gestion des autorisations de pêche & suivi des amphihalins
Ministère en charge de la transition écologique
Direction générale des affaires maritimes, de la pêche et de l’aquaculture
Service pêche maritime et aquaculture durables / Sous-direction des ressources halieutiques
Bureau de la gestion de la ressource
(témoignage issu du dossier « Le pôle « recherche et développement » MIAME : la science en appui à la gestion des poissons migrateurs amphihalins » – 2025)
Quel est le rôle de la DGAMPA sur les migrateurs amphihalins ?
Le cadre réglementaire applicable à la gestion des poissons migrateurs amphihalins suppose de concilier à la fois la préservation de ces espèces et les enjeux socio-économiques liés à la pêcherie. Deux directions du ministère en charge de l’environnement sont impliquées dans leur gestion : la direction de l’eau et de la biodiversité (DEB) pour les eaux douces et la DGAMPA pour le domaine maritime (mers et estuaires, dans la limite de salure des eaux). Aujourd’hui, l’anguille fait l’objet d’une gestion nationale tandis que les autres migrateurs amphihalins (comme le saumon, l’alose, la lamproie) relèvent du niveau préfectoral et de plans de gestion élaborés à l’échelle des grands bassins versants français grâce aux COGEPOMI.
Comment agit concrètement votre bureau sur la gestion de ces espèces ?
La DGAMPA, avec la DEB, cosigne les arrêtés ministériels fixant les périodes de pêche, quotas et mesures de gestion relatives à la pêche de l’anguille à tous ses stades, en application du règlement européen 1100/2007 et du plan de gestion national. Pour garantir « l’exploitation durable » de ce segment tel que permis par la réglementation européenne, la DGAMPA interagit avec l’ensemble des parties prenantes : la Commission européenne, les scientifiques, les pêcheurs professionnels, le public. Le bureau de la gestion de la ressource est également en charge de l’élaboration des dispositifs d’aide économique (arrêts temporaires, plans de sortie de flotte) qui participent de la réduction de l’effort de pêche
Comment les scientifiques travaillent-ils en appui aux politiques publiques des migrateurs ?
Un comité scientifique incluant des chercheurs du pôle MIAME éclaire le pilotage du segment par ses études et modélisations. Par exemple, il contribue chaque année à la fixation du quota annuel de pêche de la civelle. Dans un contexte d’incertitude lié au changement climatique, le rôle des scientifiques est crucial pour nous aider à planifier l’orientation des politiques publiques et la gestion de cette pêcherie en difficulté. Si la pêche a effectivement été identifiée comme une pression que l’on peut réguler, un défi scientifique majeur persiste : celui de quantifier l’incidence des autres pressions anthropiques subies par les migrateurs amphihalins.
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Dossier thématique
Le pôle « recherche et développement » MIAME : la science en appui à la gestion des poissons migrateurs amphihalins
Le pôle recherche et développement MIAME a été créé en 2013 par l’Office français de la Biodiversité (OFB, à l’époque Onema) et INRAE (à l’époque INRA) afin d’appuyer les ministères dans leurs politiques de gestion des poissons migrateurs amphihalins. Ce dossier présente les enjeux de la protection de ces espèces ainsi qu’une revue de leurs politiques de gestion. Il présente ensuite une sélection des récentes productions scientifiques et actions d’appui aux politiques publiques du pôle MIAME, essentiellement tirée du numéro spécial de la revue Science, Eaux et Territoires (2025) sur les activités du pôle.