Yves Souchon – Directeur de recherche émérite, ancien responsable du Laboratoire d’Hydroécologie quantitative, INRAE (témoignage issu du dossier « Science et directive-cadre sur l’eau 20 ans de recherche en hydrobiologie pour le bon état écologique des milieux aquatiques » – 2021)

« Un pôle de recherche-études pluridisciplinaire a été mis en place à Lyon en 2008 regroupant écologues, géomorphologues, géographes, statisticiens, gestionnaires de bases de données et opérateurs des systèmes d’informations géographiques. Au sein de ce type de groupe, peu commun dans les organisations de recherche académique, la règle de base a été celle du partage de l’information et des questions en temps réel entre tous les membres du pôle. C’est finalement ce système, basé sur la collaboration avec partage d’une ambition commune et des relations non hiérarchiques qui nous a permis d’établir une cohésion forte.

Pour mettre la science en appui aux politiques publiques, le rôle de l’Institut de recherche est toujours primordial. Il faut que celui-ci affiche l’activité comme une mission à part entière, complémentaire et tout aussi noble que la recherche fondamentale : jouer toujours la même note ne permet pas de faire une symphonie. Il ne faut pas oublier le reste de la gamme, ni que la publication n’est pas l’unique objet de l’action de recherche. Ce système permet également d’assurer une formation mobilisant plusieurs compétences, formation qui est indispensable pour accompagner une politique publique novatrice. Ensuite, pour qu’une collaboration avec les commanditaires fonctionne bien, il est primordial que chacun respecte les missions qui lui sont assignées dans un climat de confiance. La DCE mobilise une multiplicité d’acteurs, l’État et ses services déconcentrés, office national, agences de l’eau, scientifiques, qui doivent chacun exercer leurs compétences. Plus une méthode est complexe, sensible et nouvelle, plus elle est difficile à mettre au service d’une politique publique et à faire adoptée. Il faut alors trouver le bon positionnement entre exigence scientifique et adhésion opérationnelle : aux scientifiques la proposition des outils et aux gestionnaires la stratégie de leur usage et de leur intégration au regard des enjeux nationaux et de rapportage européen. »

Témoignage issu de notre dossier thématique

dossier valorisation appui aux politiques publiques INRAE directive cadre sur l'eau
Science et directive-cadre sur l’eau 20 ans de recherche en hydrobiologie pour le bon état écologique des milieux aquatiques

Rétablir le bon état des masses d’eau européennes en une vingtaine d’années, c’est le défi lancé en 2000 par la directive-cadre européenne sur l’eau (DCE) aux États membres. Les connaissances manquant alors pour sa mise en oeuvre, la Direction de l’eau et de la biodiversité (DEB) du ministère de l’Environnement et l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques (Onema) concluent dès 2007 une collaboration d’envergure avec plusieurs organismes de recherche. Du fait des recherches menées en hydrologie, biologie et écologie, le Cemagref/Irstea et l’INRA, aujourd’hui INRAE, comptent parmi les premiers partenaires. Si le travail se poursuit pour atteindre l’objectif de bon état écologique, les apports de la science pour la mise en oeuvre de cette politique publique environnementale, aussi novatrice qu’ambitieuse, sont d’ores et déjà conséquents. Retour sur 20 ans de collaboration entre la recherche française et les services de l’État.

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