Réflexions sur la recherche et l’expertise participatives aux Nations Unies

Cette étude visait à comprendre les “innovations institutionnelles”, c’est-à-dire la manière dont les institutions et les acteurs s’adaptent et modifient leurs règles en matière de systèmes alimentaires locaux. Les principales conclusions ont été que :

i. les incitations à adopter des pratiques durables découlent de l’autonomie générée par les règles innovantes mises en place par les acteurs locaux pour interagir sur le marché en se basant sur la réciprocité et l’échange de connaissances ;

ii. pour adapter leurs pratiques et créer de nouveaux marchés, les acteurs locaux se basent sur des valeurs sociales : fiabilité, santé, souveraineté alimentaire, mobilisation de la jeunesse, emploi ;

iii. agriculteurs, consommateurs, coopératives, entreprises, fonctionnaires, ONGs, etc. innovent à travers leurs efforts conjugués à revoir leurs règles. Les standards de durabilité supposent la coopération des producteurs dans l’amélioration de leurs pratiques en matière de : garantie d’accès à un marché élargi ; méthodes pour maintenir le contact et pour suivre les changements de règles…

Depuis 2016, l’activité de recherche s’est convertie en une approche de recherche-action portée sur des ateliers chercheurs-acteurs et la co-production d’un manuel pratique pour catalyser des innovations dans les systèmes alimentaires durables. Les expériences directes des chercheurs et acteurs ont porté une analyse systématique de plus de quatre-vingts innovations opérant dans plus de vingt-cinq pays. Les freins et leviers aux innovations étaient documentés et organisés dans un texte qui couvre douze domaines fondamentaux aux systèmes alimentaires (par exemple, les intrants, les consommateurs, le financement, les garanties et la formalisation des initiatives). Ce manuel était testé au Sénégal et en Inde par des mouvements locaux et un scénario prospectif a été développé pour guider la lecture et l’usage du manuel.

Depuis son début en 2013, ce projet a généré 4 co-publications FAO/INRAE.

Par ailleurs, le réseau “One Planet” a été officiellement lancé en octobre 2015 et compte plus de 190 partenaires dans le monde. Créé en 2012 sur la base des travaux du programme FAO-UNEP “Sustainable Food Systems”, il vise la mise en œuvre du SDG 12 avec pour leaders le ministère de l’Agriculture du Costa Rica, le Département fédéral de l’agriculture de Suisse et le WWF. Ce réseau est soutenu par un groupe consultatif multilatéral de 19 partenaires autour de 4 thématiques : 1. sensibilisation, 2. cadre favorable, 3. connaissance/information et outils, et 4. synergies. Avec trois de ses agents, l’INRAE a géré la thématique 3 afin de comprendre et mesurer la durabilité des systèmes alimentaires à travers la création d’une base de données pour une vue globale de ces thématiques permettant aux membres de connaître les outils existants.

Deux conférences internationales se sont déjà tenues sur ce sujet.

Des manuels ont également été rédigés à partir des sujets que les par ticipants souhaitaient travailler et/ou sur lesquels ils attendaient des conseils de la part de différents experts (par exemple, le «Collaborative Framework for Food Systems Transformation» porté par l’ONU Environnement et l’initiative sur la réduction de l’usage des plastiques dans les filières alimentaires porté pour le WWF).

Entre autres productions, plusieurs livrets (PGSs) et des vidéos Bhoomi Ka “India for Eco Food” portant sur 4 défis, qui ont suscité une foule d’idées et divers outils.

La prochaine “Global Conference sustainable food systems” prévue en novembre 2020 ; organisée par le gouvernement de Thaïlande ; aboutira à un glossaire et amènera des réflexions sur l’équilibre recherche et expertise : difficultés, diffusion, co-construction de la connaissance…

Le travail avec des organisations internationales telles que la FAO est une expérience unique qui permet aux chercheurs d’élaborer des programmes et des politiques, mais aussi de se forger un réseau et de communiquer avec les citoyens. Certains aspects doivent être gardés à l’esprit : les tâches administratives, les difficultés à satisfaire les attentes des managers ou à travailler de manière indépendante. En outre, la faible rémunération peut freiner les progrès.

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