IIABA : Innovations Institutionnelles pour l’Agriculture Biologique en Afrique
Partagez
Évaluation participative d’impact (cf. projet AFD FISONG « Développement rural 2019 »)
La production biologique et agroécologique est de plus en plus reconnue pour son rôle dans la résolution des problèmes de sécurité alimentaire et nutritionnelle d’une population en croissance rapide, et considérée également comme un élément essentiel des stratégies d’atténuation et d’adaptation au changement climatique et de conservation de la biodiversité.
C’est particulièrement le cas en Afrique où, entravé par nombre d’obstacles, le développement de l’agriculture biologique doit répondre à un enjeu avéré de santé publique. Tandis qu’une prise de conscience se fait au niveau politique, notamment au sein de l’Union Africaine, les acteurs du secteur ont ressenti le besoin de créer des synergies à travers le continent pour aider l’agriculture biologique à prendre une réelle place dans le développement africain en développant AfrONet, le réseau de l’agriculture biologique africaine, basé en Tanzanie.
Une transition vers l’agriculture biologique nécessite des actions simultanées dans tout le système alimentaire. Pour son passage à l’échelle continentale en termes de présence géographique et de capacité organisationnelle, comme en termes d’activités distribuées et autonomes, les acteurs du système alimentaire doivent aujourd’hui, s’engager non seulement dans des innovations technologiques agronomiques dans la production et la transformation, mais aussi dans la construction de marchés équitables et inclusifs.
D’où l’élaboration du projet IIABA (Innovations Institutionnelles pour l’Agriculture Biologique en Afrique) qui consiste en diverses actions pour la mise en place, au-delà de la production et de la transformation, d’innovations institutionnelles pour la filière agriculture biologique, concernant les marchés, les systèmes de garantie et les politiques publiques. Ces trois composantes principales du projet sont assorties de deux composantes complémentaires : « Gestion et coordination » et « Communication et diffusion ».
Pour ordonnancer ce projet IIABA avec le dispositif FISONG (financement de projets de solidarité internationale) l’AFD a lancé en 2019 avec un budget de 1,45 millions d’euros, l’appel d’offre très compétitif FISONG-2019 sur les « Partenariats pour la production, la commercialisation et la certification de produits biologiques ou agroécologiques en réponse à des enjeux socio-économiques et environnementaux locaux ». Ce projet mobilise aussi les dispositifs SAVi créés en 2017 par l’IISD, la FAO et One Planet Network (cf. OCDE Tools for addressing SDGs…).
Pour INRAE qui avait remporté l’appel d’offre avec l’offre de l’UMR LISIS, conjointement avec le Cirad, ce projet doit contribuer aux objectifs des métaprogrammes GloFoodS et Metabio (nouveau métaprogramme sur le « Changement d’échelle de l’AGRIBIO »).
IIABA se propose de soutenir dans un premier temps trois pays pilotes : le Maroc, la Tanzanie et l’Ouganda, où il se déploiera jusqu’à la fin de 2023. Dans ces pays, les mouvements agrobiologiques sont membres d’AfrONet, mais les situations diffèrent en termes de zones agroécologiques, de surfaces agricoles converties et de nombre d’agriculteurs bio. IIABA vise à catalyser un changement d’échelle de l’agriculture biologique afin de en faciliter le développement et envisager l’extension de diverses innovations aux membres du continent africain.
Il a trois objectifs spécifiques :
- identification des innovations institutionnelles permettant un changement d’échelle de l’agriculture écologique et biologique dans les pays pilotes ;
- consolidation des capacités d’AfrONet et de ses membres ;
- diffusion des innovations institutionnelles ciblées dans les pays partenaires et au sein d’AfrONet.
et trois axes principaux :
- construction de marchés innovants,
- création de dispositifs de crédibilité/qualité (certification participative),
- mise en place de politiques publiques.
Le but est aussi d’accompagner les acteurs dans leur appropriation de ces innovations dont la typologie ouverte inclut la stratégie de sécurité alimentaire (et plus seulement économique, ex. exportations), ainsi que les défis du changement climatique.
La mise en oeuvre du projet IIABA devait passer par les ONG habituelles, cependant l’alliance INRAE-Cirad est venue bouleverser l’usage en associant chercheurs et ONG locales pour chacun des trois pays pilotes : le TOAM (Kilimohai) de Tanzanie, le NOGAMU de l’Ouganda, et la FIMABio et le RIAM du Maroc.
La partie recherche-action sur les questions de transition agroécologique, en Ouganda, sera supervisée par Allison LOCONTO (LISIS-INRAE) et Ève FOUILLEUX (LISIS-CNRS/Cirad), avec l’implication de Arlène ALPHA et Sylvaine LEMEILLEUR de l’UMR MoISA. Le LISIS portera en outre une approche originale d’évaluation participative d’impact avec l’implication d’un post-doc.
Les résultats attendus incluent la fourniture de guides et d’outils qui devront permettre aux trois pays pilotes comme à AfrONet et à ses partenaires africains de poursuivre et renforcer la construction des initiatives en cours.